En pays moaga, le fruit appelé Wɛda n’est pas seulement apprécié pour sa douceur et sa saveur. Derrière sa coque apparemment ordinaire, se cache un univers symbolique puissant, entre sacré, mythe et spiritualité. Car en Afrique, rien n’est profane : tout porte en soi une part du sacré.

Dans les traditions rurales, il est fortement déconseillé de jeter les coques de Wɛda dans son champ après les avoir dégustés. Cette interdiction n’est pas qu’agricole : elle est spirituelle. Selon les récits transmis de génération en génération, ces coques attireraient l’attention des maîtres du monde invisible – les Yonyonsé, figures mystérieuses et puissantes, spécialistes du rapport entre l’humain et les forces de la nature.
On dit que les Yonyonsé voyagent par le vent, la pluie ou la chaleur, et qu’ils peuvent, par leur maîtrise de ces éléments, emporter les récoltes d’un champ dès la mise en terre des semences. Ce n’est qu’au moment de la moisson que l’agriculteur réalise que la terre est vide, malgré tous ses efforts.
Ce récit, entre mythe et enseignement, est porteur de leçons profondes sur le respect des forces invisibles, l’humilité face à la nature, et la vigilance spirituelle. Dans nos villages, ce savoir ne fait pas l’objet de débats scientifiques : il est vécu, transmis, respecté.
Wɛda devient alors plus qu’un fruit : il est un pont entre l’homme et l’invisible, entre le quotidien et l’éternel.